Le titre reste évocateur mais la réalité se contraste autrement. MSM acronyme de Men who have Sex with Men qui se traduit en français par Hommes ayant des rapports Sexuels avec des Hommes (HSH) est d’autant plus évident qu’il en existe de raisons pour lesquelles un homme peut avoir des rapports sexuelles avec un autre homme : « […] Personnellement, je sais ce qui m’attire chez un homme mais je comprends aussi qu’Il arrive que des cas où deux hommes soient dans une condition où la présence d’une femme est rare; ceci est le cas des écoles a internat, dans les prisons ou simplement sur certains sites de travail […] Que cela se passe une fois ou plus, c’est quelque chose à notifier.» commente Désiré, un jeune homme se considérant comme MSM.
La réalité se contraste autrement quand il en vient à parler d’homosexuels. Par définition, un homosexuel est une personne qui éprouve de l’attirance physique et émotionnelle pour des personnes du même sexe. certains MSM nient et refusent catégoriquement d’être considérés comme « des homosexuels » ; de l’autres coté, certains homosexuels se distancient aussi de cet aspect: « …Etre homosexuel pour moi est plus qu’une définition de ce que je fais avec qui je le fais…pour moi c’est une identité qui tourne autour de ce que je vis au quotidien, mes combats, ma fierté, mes espoirs, etc. Me délimiter à une simple appellation de « MSM » revient à ignorer tout ce que je suis et ce que je surmonte comme défis en tant que personne homosexuelle dans les conditions locales. C’est aussi me limiter uniquement à mes rapports sexuels alors que je suis plus que ça.» commente Arnaud, un jeune homme se considérant comme homosexuel. Et pourtant le point commun est bien évident : Avoir des rapports sexuels avec une personne de même sexe.
MSM Pourquoi alors?
Tout d’abord, relativement à la sexualité d’une personne, Il est reste important de faire savoir que chaque personne garde le droit de s’identifier comme tel ou non, d’en parler ou non et que cette sexualité est ce qui relève de son droit à la vie privée. Au Burundi, si « homosexuel » peut être une terminologie valise englobant un ensemble d’autres identités (Bisexuelles, personnes Transgenres, Intersexué, etc.) ; MSM reste claire et spécifique sur ce qu’elle adresse : Des Hommes ayant des Rapports sexuels avec d’autres hommes. L’Onusida précise ainsi la définition de la catégorie HSH/MSM : « un concept large de santé publique utilisé pour définir les comportements sexuels des personnes de sexe masculin ayant des rapports sexuels avec d’autres personnes de sexe masculin, indépendamment des motifs les incitant à avoir des rapports sexuels et de l’identification avec une quelconque communauté. L’interprétation des mots homme et sexe varie selon les cultures et les sociétés, et selon les personnes concernées. En conséquence, le terme HSH/MSM s’applique à des situations et des contextes très divers où des personnes de sexe masculin ont des rapports sexuels avec d’autres personnes de sexe masculin ». Ces sigles permettent de prendre en compte dans les politiques de prévention les personnes qui se définissent comme hétérosexuelles tout en ayant des pratiques homosexuelles. (Source : Afro Santé LGBT | le Guide pour l’acteur de prévention).
« Pour nous, dans les cadres médical et initiatives de lutte contre le SIDA, il nous importe d’utiliser la terminologie MSM parce que beaucoup d’hommes ne préférant pas s’identifier en tant qu’homosexuels souvent à cause de la stigmatisation et des préjugés que porte cette terminologie. Ainsi, nous essayons de ne pas créer de malentendus et gardons une généralité dans la nomination, tant que les messages de lutte contre le SIDA, de promotion de la prévention, du dépistage et du traitement passent et sont comprises. » Commente Arsène, Le responsable d’une initiative destinée à informer les MSM sur des sujets de lutte contre le VIH.
Tous égaux…devant les discriminations !!!
« […] Si le bateau coule, on coule tous […] C’est une telle ironie de vouloir définir les choses comme différents alors que les discriminations sont les mêmes. Personnellement je pense que nous sommes tous égaux et cela n’épargnent surtout pas les discriminations et les stigmatisations perpétrées par la société. » commente David, activiste LGBT travaillant sur des sujets de développement personnel et communautaire.
En effet, pendant que les discriminations se diversifient autant en formes qu’en justifications, les rapports sexuels entre personnes de même sexe restent passables d’une amende de 50milles francs burundais à 100milles francs ou d’un emprisonnement allant de 3 mois à 2ans (Article 567 du code pénal Burundais). « La loi n’a point de distinction entre un MSM et un homosexuel. La réalité est telle qu’il est important de rappeler les enjeux qu’engagent cette loi et les cadres discriminatoires qui y sont connexes. » Commente Albert, juriste travaillant dans la recherche et la documentation des violations de droits humains envers les minorités sexuelles.
En fin de compte, la question n’est peut-être pas de savoir quelle terminologie est nécessaire ou pas mais plutôt en quoi l’impact des discriminations réduit le potentiel de développement de toutes ces personnes, simplement à cause de leur sexualité !